Entrepreneures de mères en filles
Dans la foulée de la Journée internationale de la femme, qui a eu lieu le 8 mars dernier, nous avons eu envie de vous présenter la femme derrière les Cafés Européens : Janine Normandin.
Vous n’êtes pas la première commerçante de votre famille… Parlez-nous un peu de cette lignée d’entrepreneures.
Tout a débuté en 1904, à Paris, alors que ma grand-mère maternelle, Louise Leroy, a ouvert une épicerie. Elle a tenu ce commerce durant plusieurs années, jusqu’à ce qu’elle et son mari décident d’aller voir ce que le Nouveau Monde avait à offrir ! Ils ont donc fait le long voyage en bateau jusqu’à Montréal, où ma grand-mère a travaillé pendant quelques années comme couturière dans une troupe de théâtre. Un jour, un des comédiens de la troupe, Pierre Delbé, a ouvert un café, et ma grand-mère y a travaillé. Puis, en 1930, ils ont fondé ensemble Chez Pierre, le tout premier restaurant français de Montréal, qu’elle a repris seule en 1936, au décès de son partenaire. Jusqu’à 1968, ma grand-mère a dirigé ce restaurant, où se rencontraient nombre de politiciens et de personnalités du milieu culturel de l’époque. Ma mère, sa fille, l’a épaulée jusqu’à ce qu’elle fonde une famille. Lorsque ses enfants ont été plus vieux, elle est retournée aider au service les fins de semaine.
On peut donc dire que j’étais destinée à la restauration ! En 1979, mon mari, William Guillemot, et moi avons ouvert une crêperie bretonne, La Petite Hermine, à Saint-Hyacinthe, puis, en 1987, un bistro à Longueuil. Je suis ensuite retournée aux études pour réaliser un rêve : devenir infirmière. En 1998, nous avons ouvert notre premier café, La Maison des Cafés Européens, à Greenfield Park. Je suis restée présente dans les cafés au fil des années, mais lorsque j’ai pris ma retraite du milieu médical, je suis revenue épauler mon mari à temps plein dans l’aventure. Ont suivi Les Cafés Européens père et fille, à Longueuil, en 2003, et Les Cafés Européens père et fils, à Boucherville, en 2011. Ma fille, Gaël, a donc perpétué la lignée en se joignant à nous pour ouvrir un café, et sa fille de 7 ans, ma petite-fille Charlotte, aime beaucoup aider l’équipe pour le service et surtout parler avec les clients… comme sa mère le faisait à la crêperie, trente ans plus tôt !
Depuis le décès de mon mari, en mai 2014, je relève le défi d’être la chef d’entreprise des Cafés Européens, avec la précieuse complicité de mes quatre enfants.
Quelles sont selon vous les caractéristiques spécifiques aux femmes chefs d’entreprise ? Croyez-vous qu’elles ont un style de gestion différent de celui des hommes ?
J’ai l’impression que les femmes à la tête d’une entreprise font preuve de davantage d’ouverture. Nous avons une vision plus large, où le côté humain est tout aussi important que le côté commercial. En ce qui me concerne, ma curiosité (qui peut parfois être un défaut…) est une force en tant qu’entrepreneure !
Faites-vous face à des préjugés en tant que chef d’entreprise féminine ?
Oui, j’estime qu’il existe toujours des préjugés dans le milieu des affaires. Encore plus dans mon cas, avec mes cheveux blancs ! Quand j’assiste à des réunions de gens d’affaires avec mon fils Loïc, je remarque que ceux-ci s’adressent presque toujours à lui en premier. Et quand vient le temps de faire des démarches, pour la location d’un local par exemple, j’ai le sentiment que certaines personnes prennent un homme davantage au sérieux qu’une femme. C’est dommage, car ce sont des obstacles bien réels.
Quelles sont les femmes qui vous inspirent, qui vous servent de modèles ?
D’abord, ma grand-mère. Dans le Québec des années 1930, alors qu’une femme devait demander la permission pour pratiquement tout, elle a surmonté les obstacles qui se sont dressés sur son chemin pour réussir, tout en restant indépendante. Elle m’a appris que tout est possible, même traverser un océan et devenir entrepreneure dans un monde d’hommes ! Dans le domaine public, j’admire énormément Lise Payette. Dans un milieu majoritairement masculin, la politique, elle a toujours défendu ses idées et soutenu le fait que les femmes ont leur rôle à jouer dans la société québécoise. Une opinion que je partage !
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